Installation du ‘ro’ de cette année
2020-11-1 UP
Dans le monde du Chanoyu, le mois de novembre est caractérisé par l’ouverture de la boite contenant du nouveau thé et l’installation d’un ‘ro’. Dans notre école de thé, chaque année, je préside moi-même une cérémonie du thé s’accompagnant de l’installation d’un ‘ro’ dans le salon de thé « Koeitei » devant de nombreux élèves. Deux autres ‘ro’ sont également installés ailleurs. En tout, cette opération requiert un peu plus d’une heure. Après l’offre de saké aux convives, commence le premier entrainement au Chanoyu de la nouvelle saison.
Je ne sais sous quelle forme l’installation du ‘ro’ se déroulait avant que mon père ne prenne la direction de l’école. En tout cas, depuis que mon père a quitté sa maison natale d’Aoyama pour s’installer dans sa propre résidence, la cérémonie d’installation du ‘ro’ prenait une forme similaire à celle d’aujourd’hui quoique d’une ampleur moindre. En effet, je me souviens qu’à l’époque de mon père, l’invitation était limitée aux disciples. C’est depuis que j’ai succédé à mon père que cette cérémonie a été ouverte à un grand nombre de gens.
En ce qui concerne l’organisation de cet événement pour cette année, à l’heure où j’écris cet article, je ne peux rien dire de précis, mais en raison de la pandémie du Covid-19, elle devra prendre une forme différente de celle des autres années. L’importance de cette manifestation restera inchangée, mais le nombre de convives sera malheureusement réduit. Désormais, de nombreux événements liés au Chanoyu connaitront des évolutions, l’installation du ‘ro’ en étant un exemple parmi d’autres.
Dans ce mouvement, l’important est, à mes yeux, moins le souci de rituel que la transmission de l’esprit. Dans toute activité culturelle, c’est celui-ci qui donne naissance à une forme. Il est plus que jamais le temps que nous menions cette réflexion à fond. Il n’est pas simple de créer une nouvelle forme tout en préservant les traditions qui ont toujours prévalu. Car, le rituel que nous pratiquons aujourd’hui s’est forgé au fil d’années, de décennies voir de siècles. Certes, il peut avoir des contraintes. Mais le fait qu’il ait survécu aux vicissitudes historiques tout en s’en accompagnant revêt un sens. L’école Enshû a créé son univers de raffinement et de sobriété en ajoutant à ce cérémonial traditionnel la clarté et la magnificence. Des siècles se sont écoulés depuis la naissance de cet univers de Chanoyu. Pour passer à un nouveau stade, il nous faudra beaucoup de courage et de volonté.
Mais aujourd’hui, il y a une justification. Je pense qu’il est opportun de réfléchir sur les nouvelles formes sous lesquelles certains événements pourraient se dérouler.
Je diffusé en été dernier sur le site d’internet une cérémonie du thé dite « On cha kai » (cérémonie du thé en ligne). Je prévois d’en faire deux en novembre. Je suis déterminé à continuer cette nouvelle forme de communication.