Dans le précédent article, j’ai évoqué le fait de décider. A ce moment-là, j’ai dit que, lorsque l’on prend une décision, on obtient quelque chose et on perd quelque chose : on choisit une chose au détriment de l’autre ou des autres. Nous sommes justement dans une telle situation.

Dans le Chanoyu, chaque année, il y a beaucoup de traditionnels événements à chaque saison. Chez nous notamment, la continuation est notre héritage même et constitue le pilier spirituel de notre maison.

D’ailleurs, si l’on consulte le dictionnaire japonais, on apprend que la continuation veut dire :

1. Caractère de ce qui est continue ;
2. Hériter, succéder.

Eu égard à cette définition, ma principale mission en ma qualité de grand maitre de l’école d’Enshû est la continuation. Cela dit, on a tendance à penser que la continuation est le synonyme de la répétition. Mais c’est faux ! Il nous importe d’agir avec des nouvelles idées. On dit que la tradition est la continuation du renouvellement.

Il y a des habitudes ou des tâches quotidiennes qui n’ont pas encore acquis un statut de continuation. Dans la terminologie actuelle, on dit le travail de routine ou simplement la routine. Cela concerne ce dont le procédé est prévu ou les gestes bien déterminés. Se lever le matin, se laver le visage et brosser les dents sont des actes représentatifs de cette routine. En plus de ces habitudes pratiquées presque inconsciemment au quotidien, il y a une tendance nouvelle qui veut inclure dans la routine des choses nouvelles de manière que celles-ci contribuent à l’atteinte des objectifs de soi. Ainsi, beaucoup d’athlètes intègrent certaines tâches dans leur routine. Des chefs d’entreprise s’évertuent à faire de même.

Cela dit, une question se pose : celle de savoir si les choses nouvellement incluses dans la routine pourront continuer. Car, la routine est une chose si subjective que celui qui la pratique est le seul maitre du jeu, si bien que personne ne peut intervenir dans son maintien ou son abandon.

En fait, la continuation d’une chose qu’on a décidée dépend largement de soi-même. De toute manière, il vaudrait mieux aller jusqu’au bout.

Avant de terminer cet article, permettez-moi de signaler que la promesse que j’ai faite dans le numéro de février de cette revue d’organiser une cérémonie du thé à la place du ‘tenhajimé’ (première cérémonie du thé de l’année) a été tenue avec la diffusion d’images en direct d’une séance de thé que j’ai organisée dernièrement. Je continuerai de regarder vers l’avenir.