Dans le précédent article, j’ai dit que l’invention est un moyen d’assurer la continuité. Chacun a sa propre manière d’inventer. Il est essentiel que l’on réfléchisse en permanence. Dans une période où l’on a tendance à rester chez soi en raison de la pandémie, il est important de ne pas avoir des idées négatives.

En ce qui me concerne, je fais le plus attention à mon attitude pour avoir des idées positives. Je pense que le maintien d’une bonne attitude est essentiel pour l’homme. C’est que le dos rond ne nous permet pas de voir les choses qui se présentent devant nous telles qu’elles sont. Se pencher en avant n’est pas toujours mauvais, mais l’excès est à écarter. Une bonne attitude s’obtient par l’action de s’étirer. Cela vaut non seulement pour le corps, mais aussi pour l’esprit. Un esprit sain dans un corps sain, comme on dit.

Si vous avez une bonne attitude aussi bien au niveau du corps qu’à celui de l’esprit, vous pourrez faire évoluer librement vos gestes et vos idées.

En particulier, s’agissant du corps, la préparation du service de thé est rythmée par une série de gestes codifiés (manipulation du fukusa, de la cuillère ou du puisoir etc.) Ces geste-là s’acquièrent par la pratique d’exercices quotidiens.

Le vrai apprentissage du Chanoyu commence après tout cela. Après avoir bien assimilé les gestes codifiés, en accumulant les expériences, on tente d’adopter d’autres éléments pour atteindre l’état de liberté totale, tel est l’idéal que nous recherchons. Comme les gestes dans la préparation du thé ne sont pas grands, il est difficile d’évaluer les progrès accomplis. Mais nous souhaitons transmettre l’art de nos grands praticiens de thé à la génération future comme certains acteurs de kabuki l’ont fait.

Je n’ai évidemment pas vu le fondateur d’l’école Enshû pratiquer l’art de thé. Mon modèle est mon père Sôkei. Et je l’ai vu pratiquer l’art de thé seulement lorsqu’il était d’une soixantaine, soixante-dix et de quatre-vingts d’années.

Heureusement, nous avons des archives anciennes sur la préparation du thé et il y a des manuels qui sont publiés aujourd’hui. Il est important que l’on comprenne tous ces documents afin de se forger une manière propre à soi de pratiquer l’art de thé. Depuis l’année dernière, nous sommes sous un tunnel dont l’issue est imprévisible à cause de la pandémie due au nouveau coronavirus. Je ne sais pas quel sera le sort réservé aux J.O. de Tokyo au moment où vous lirez cet article. En tout cas, je ne peux m’empêcher d’exprimer une colère, une tristesse et d’autres sentiments au sujet des actions menées par l’Etat japonais en matière de lutte contre la pandémie. Dans cette période douloureuse, il me parait important d’avoir une bonne attitude